Un enfant dans la tourmente
EAN13
9782280848602
ISBN
978-2-280-84860-2
Éditeur
Harlequin
Date de publication
Collection
Black rose (74)
Dimensions
18 cm
Poids
328 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
Fiches UNIMARC
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Un enfant dans la tourmente

De

Harlequin

Black rose

Indisponible

Autre version disponible

Prologue

San Francisco.
Sept ans plus tôt.

— Tu es magnifique... Tellement belle, murmura-t-il, le souffle rendu court par l'exaltation. Tu es un rêve. Mon rêve...

L'Antonia avait une beauté classique et une ligne très pure. Elle avait été créée pour le plaisir, à tel point que c'en était obscène. Et alors ? Il pouvait tout se permettre ! Tout acheter ! Et l'Antonia valait le prix exorbitant qu'il l'avait payée.

— Tu es tout à moi, maintenant, chuchota-t-il avec des trémolos dans la voix.

Bien que paralysé, immobilisé sur son fauteuil roulant motorisé, Fletcher Stowe se pencha, et de sa main flétrie où saillaient de fragiles veines bleuies, caressa le cuir blanc qui revêtait en partie le bateau.

Il avait demandé à Dennis, son garde du corps et infirmier, de le laisser. Pour profiter, seul, de la beauté encore virginale de l'Antonia. Ce soir, il la voulait tout à lui. Demain il la ferait visiter, il la confierait à son commandant de bord. Mais demain seulement.

Trente-cinq millions de dollars...

Voilà le prix que lui avait coûté son caprice.

Trente-cinq millions de dollars de luxe absolu dont il venait de prendre livraison.

L'Antonia, c'était soixante et un mètres de la poupe à la proue, un bijou de technologie et le nec plus ultra en matière d'ameublement et de décoration : bois exotiques, matières précieuses et rares, installations ultrasophistiquées.

Son joujou suscitait déjà l'envie de tous les yachtmen de la côte ouest des Etats-Unis...

Dès le lendemain, l'équipage préparerait l'Antonia pour son premier voyage — sa lune de miel en Asie.

Sur son fauteuil roulant motorisé, il avait visité les appartements destinés aux invités, admiré la très belle suite qu'il partagerait avec Veronica et apprécié la grande salle de réception avec son parquet marqueté sur lequel il ne danserait jamais. Il se trouvait maintenant sur le pont supérieur, dans le salon entièrement vitré et garni de confortables sofas. Fletcher avait une prédilection pour cet endroit. Il en aimait le plafond et les murs, plaqués de cuir blanc incrusté d'ébène de Madagascar, et surtout, ses baies vitrées hautes d'environ deux mètres qui offraient une vue exceptionnelle sur les majestueux gratte-ciel de San Francisco. Fletcher admirait les lumières de la ville en riant de plaisir.

C'était la nuit de son triomphe ! Parce qu'il s'était battu contre vents et marées. Parce qu'il avait gagné son âpre combat. Tout le monde — ses fils, ses amis, ses proches et même les autres — lui avait soutenu que son accident de voiture ne l'avait pas seulement privé de l'usage de ses jambes, mais aussi de son célèbre instinct d'homme d'affaires. Ils lui avaient répété qu'il n'était qu'un vieillard sénile et pathétique, la proie trop facile d'une jeune femme sans scrupules. Une aventurière qui aimait plus son immense fortune qu'elle ne l'aimait lui.

L'aîné de ses fils avait essayé de le placer sous tutelle et le cadet avait tenté de reprendre la gérance de sa société d'informatique. Malgré leur armée d'avocats, tous deux avaient échoué : c'était Fletcher et Fletcher seul qui gérait toujours les millions qu'il avait accumulés au cours de son existence.

Et il avait bien l'intention de les dépenser ! se dit-il sans quitter des yeux le splendide panorama. De profiter de la vie !

Le coffre qu'il possédait chez lui — dans son petit château — contenait un diamant bleu de six carats qu'il offrirait à Veronica le jour de leur mariage. De retour de leur lune de miel, tous deux feraient construire une nouvelle maison plus grande, plus fabuleuse. Rien n'était trop beau pour Veronica ! Elle le comblait. Elle le rendait tellement heureux... Jamais personne ne lui avait apporté autant de bonheur. Pas même ses deux fils et sa première femme !

Il avait survécu par miracle à un grave accident de voiture, songea Fletcher, il avait vécu une expérience proche de la mort, et au sortir du coma, il avait compris que sa fortune n'avait de sens que s'il la dépensait. Il allait enfin vivre ! Là-dessus il pensa avec tendresse à Veronica, qui l'attendait dans son petit appartement, et il eut hâte de la rejoindre.

Il pressa impatiemment sur le bouton d'appel, sur l'accoudoir de son fauteuil roulant.

— C'est bon, Dennis. Je suis prêt. Vous pouvez venir.

Contre toute attente, son vigile et infirmier ne répondit pas.

— Dennis ? reprit Fletcher, irrité. Nous partons !

De nouveau, le silence. Mais où était cet imbécile ? Il lui avait ordonné de le laisser seul, pas de redescendre à terre et d'aller dieu sait où !

— Dennis ! Vous feriez mieux de venir tout de suite !

Toujours rien... Et s'il y avait un problème de communication ? Un dysfonctionnement ? Après tout, Dennis ne quittait jamais son oreillette. N'était-il pas aussi payé pour cela ?

Fletcher, très contrarié, décida de partir à sa recherche. Il pivota et roula vers la sortie la plus proche. L'Antonia ayant été équipée pour qu'il s'y déplace sans encombre avec son fauteuil roulant, la porte s'ouvrit automatiquement à son approche.
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