L'INIMITIE DANS LES CORRESPONDANCES D'ECRIVAINS
EAN13
9782374962115
ISBN
978-2-37496-211-5
Éditeur
Presses Universitaires de Reims
Date de publication
Poids
375 g
Fiches UNIMARC
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L'Inimitie Dans Les Correspondances D'Ecrivains

Presses Universitaires de Reims

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L'inimitié épistolaire est l’une des formes fondamentales de la sociabilité littéraire. Dire son inimitié dans des lettres, en effet, ce peut être renforcer un réseau d’amitiés ou du moins de complicités, soit en faisant jouer des solidarités préexistantes qu’il s’agit de renforcer ou de réorienter, selon une logique qui rappelle celle, militaire, de l’alliance, soit en faisant œuvre de ses lettres par le biais d’une publication qui peut être décidée a posteriori comme prévue d’avance, voire inscrite dans le dispositif d’énonciation de la lettre. Le tiers n’est jamais vraiment absent du dialogue épistolaire inamical, qu’il soit le destinataire principal d’une lettre exprimant une inimitié pour un autre, ou qu’il hante la lettre en sa qualité de lecteur possible (dans les cas où la publication de la lettre est envisagée voire programmée). L’inimitié épistolaire, de la sorte, se donne volontiers en spectacle – ce qui ne veut pas dire qu’elle ne conserve pas ailleurs (voire dans les mêmes lettres parfois) son caractère intime. C’est en fait l’écrivain lui-même qui oscille entre intimité et publicité: Rolland et Zweig, ainsi, savent jongler entre leur figure d’écrivain/d’ami et leur figure (davantage publique, du fait même des questions qu’ils abordent alors) d’intellectuel dans des lettres où ils négocient avec des inimitiés (souvent politiques) qu’ils ne veulent pas étouffer tout à fait, mais auxquelles ils ne veulent pas, non plus, laisser libre cours. À vrai dire, c’est précisément dans cette ambivalence entre publicité et intimité que se joue la littérarité de la plupart des lettres haineuses que l’on a étudiées. Se construire comme une figure publique tout en jouant avec les codes de la publicité (épistolaire, en l’occurrence) pour conserver une forme d’authenticité voire de sincérité garante de qualité littéraire, voilà un geste récurrent chez les écrivains qui affirment leur propre identité par la confrontation avec des figures qui leur servent de repoussoir. Ce sont donc bien des inimitiés spécifiquement épistolaires et littéraires qu’analysent les contributions de ce volume, qui décrivent comment les écrivains se servent du cadre énonciatif et des codes de civilité propres à la lettre pour cultiver leurs personnalités littéraires respectives, pour développer une écriture de l’hostilité parfois presque prétéritive, parfois quasiment outrancière, et pour nourrir, dans leurs œuvres mêmes, une authentique poétique de la haine.
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