Le principe de floraison

Les plantes apparaissent comme le grand refoulé de l’histoire occidentale, d’une part parce qu’elles se dérobent à notre saisie conceptuelle, d’autre part parce que le Christianisme, contre le paganisme, a mené la guerre contre les symboliques végétales païennes et les a fait disparaître de son paysage. Aujourd’hui, il est temps que notre culture cesse de reléguer les plantes dans l’indifférence ou la simple ornementation et qu’on lui rappelle qu’elles peuvent encore être des ressources pour la pensée.
C’est alors un nouveau champ qui s’ouvre pour l’esthétique, basée sur le geste singulier de l’art, inventant des propositions de mondes, pour inviter à une reconfiguration des situations. L’auteur propose ainsi, dans le sillage de Jacques Rancière, la notion de « mises en intrigues esthétiques des mondes » pour atteindre cette conception, à la fois élargie et singulière, de l’esthétique comme ensemble des expériences faites sur le monde donné pour créer des mondes nouveaux ou confirmer le monde établi. L’esthétique n’est plus alors seulement ouverte au monde local de l’art, mais proposée comme bataille des expériences et expérimentations divergentes, portées à partir de notre monde commun.