- EAN13
- 9782749178356
- Éditeur
- Le Cherche Midi
- Date de publication
- 08/11/2023
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Autre version disponible
-
Papier - Le Cherche Midi 18,90
Les mémoires de Jacques Dutronc
La guerre et la nuit ne vont pas ensemble. Je déconseille de naître la nuit,
en pleine guerre, par exemple. Ça m'est arrivé : c'est une mauvaise idée.
C'était en 1943, le 28 avril. Courir dans Paris en bravant le couvre-feu, sans
laissez-passer, ça aussi, je le déconseille. Mais mon père n'avait pas le
choix : Madeleine, sa femme, était sur le point de m'infliger la vie. Il a
filé demander de l'aide au commissariat le plus proche : il est tombé sur la
Kommandantur, le seul bâtiment éclairé. Là, on lui a indiqué le poste de
police, qui a envoyé une estafette. J'ai donc été à deux doigts de naître dans
un panier à salade. Finalement, j'ai attendu d'être à la clinique, près de la
porte de Champerret, pour pousser mon premier cri. Il était 5 h 20 du matin.
Je n'étais pas le premier enfant du couple : mon frère Philippe m'avait
précédé dans cet emploi. Je n'étais pas non plus le premier Jacques Dutronc :
on m'a donné le prénom d'un de mes oncles, mort au champ d'honneur, le 7 juin
1940. Avant de naître, j'avais donc déjà ma tombe au Père-Lachaise. J'avais
pris de l'avance.
La Trinité, Johnny Hallyday, Les Play-Boys, les premiers galas, Jacques
Lanzmann, Serge Gainsbourg, les escapades marocaines, Maurice Pialat, Claude
Sautet, Jean-Luc Godard, Merde in France, les cigares, l'alcool, la Corse... À
sa façon inimitable, Jacques Dutronc se souvient et raconte.
La guerre et la nuit ne vont pas ensemble. Je déconseille de naître la nuit,
en pleine guerre, par exemple. Ça m'est arrivé : c'est une mauvaise idée.
C'était en 1943, le 28 avril. Courir dans Paris en bravant le couvre-feu, sans
laissez-passer, ça aussi, je le déconseille. Mais mon père n'avait pas le
choix : Madeleine, sa femme, était sur le point de m'infliger la vie. Il a
filé demander de l'aide au commissariat le plus proche : il est tombé sur la
Kommandantur, le seul bâtiment éclairé. Là, on lui a indiqué le poste de
police, qui a envoyé une estafette. J'ai donc été à deux doigts de naître dans
un panier à salade. Finalement, j'ai attendu d'être à la clinique, près de la
porte de Champerret, pour pousser mon premier cri. Il était 5 h 20 du matin.
Je n'étais pas le premier enfant du couple : mon frère Philippe m'avait
précédé dans cet emploi. Je n'étais pas non plus le premier Jacques Dutronc :
on m'a donné le prénom d'un de mes oncles, mort au champ d'honneur, le 7 juin
1940. Avant de naître, j'avais donc déjà ma tombe au Père-Lachaise. J'avais
pris de l'avance.
La Trinité, Johnny Hallyday, Les Play-Boys, les premiers galas, Jacques
Lanzmann, Serge Gainsbourg, les escapades marocaines, Maurice Pialat, Claude
Sautet, Jean-Luc Godard, Merde in France, les cigares, l'alcool, la Corse... À
sa façon inimitable, Jacques Dutronc se souvient et raconte.
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