Le dernier enfant

Philippe Besson

Julliard

  • 1 février 2021

    Le Dernier enfant c'est un peu le sujet qui tourmente. C'est la dernière journée d'un couple avant de déposer le dernier enfant dans son studio d'étudiant. Vingt-quatre heures dans la tête d'Anne-Marie du petit déjeuner au coucher. Les dernières tartines au petit matin pour le fils qui s'en va. Elle se remémore tous ces petits instants de bonheur simple partagé avec Théo. Les angoisses d'une maman affleurent, la pudeur du papa n'est pas en reste. La force de Philippe Besson c'est de vivre dans la tête d'une maman face au nid vide. C'est sobre et déchirant et forcément ça touche à l'intime et fait écho. L'infiniment petit du quotidien donne le vertige. Cette rupture rythme l'existence des parents. Philippe Besson souligne la place de l'imprévisible et questionne notre capacité à supporter l'incertitude de l'enfant qui grandit. Les liens restent sensibles, s'infiltrent et sont engrammés dans notre chair de parents. La vie d'avant, avec l'enfant s'obstine en filigrane. Pas d'ardoise magique pour la fragilité. Le stylet de l'enfance a laissé sa marque sur la surface de la vie d'Anne-Marie. Il faut vivre avec les tessons du souvenir, selon une relative solidité intérieure. C'est une torsion psychique à laquelle on se doit de faire face le mieux possible. Anne-Marie abandonne un certain pan de son existence et va se fondre sur un nouveau style d'existence. C'est une évolution pas uniquement un séisme, une sorte de modification intérieure, une mutation. Elle rompt avec son habitude d'être.
    Je range ce livre dans le carré précieux de ma bibliothèque parce qu'il permet de retrouver cette force de l'incertitude de la vie et le courage d'être.


  • Conseillé par (Libraire)
    25 janvier 2021

    Lumineux

    " Il est parti trop tôt". En prononçant cette phrase Anne-Marie se rend soudain compte de son double sens. C'est vrai que Théo, son fils de 18 ans, est parti trop vite, mais il n'est pas mort Théo. Il vient juste d'avoir son bac et quitte la maison familiale pour la Fac. C'est pour elle, sa mère, que l'on peut parler de mort, de petite mort, car elle va devoir réinventer une nouvelle vie, en tête à tête, avec Patrick son mari aimant mais taciturne et pudique. Plus qu'une séparation, c'est un gouffre qui s'ouvre devant elle. Une chute vers l'inconnu.
    Comme d'habitude avec des mots simples, des phrases courtes, Philippe Besson traduit magnifiquement les sentiments universels, ceux qui monopolisent l'essentiel de nos pensées.
    Vingtième livre en vingt ans, nouvelle pierre à l'édifice qui devient peu à peu, une œuvre littéraire. Humaine et sensible comme l'amour d'une mère pour son fils.

    Eric


  • Conseillé par (Libraire)
    24 janvier 2021

    Le syndrome du nid vide

    Le dernier enfant ou les vingt quatre heures cruciales et charnières lorsque le petit dernier de la fratrie quitte le foyer familial. Philippe Besson aborde ce sujet de manière très réelle. Comment les parents se sont-ils construits et préparés pendant toutes ces années ? Ici, papa tond et maman cuisine, Anne-Marie est totalement dévouée à sa famille et aujourd'hui vacille. C'est la rupture que décrit très bien Philippe Besson dans ce roman plus vrai que nature. Une mère est aussi une femme, Anne-Marie a t-elle la force de se reconstruire ?